21 décembre 2020 - L'année 2020 a été une année difficile pour les populations du monde entier, le COVID-19 ayant eu un impact sans précédent sur les individus et les sociétés tant sur le plan physique, mental, que social et financier. Pour les personnes incarcérées, ainsi que pour les agents chargés de s'en occuper, la pandémie s'est avérée potentiellement dévastatrice. En raison de facteurs tels que les mauvaises conditions d'hygiène et la surpopulation dans les prisons, vivre et travailler sur un espace réduit rend pratiquement impossible le respect des mesures recommandées, comme le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale.
En tant que gardien de l'Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus - les Règles Nelson Mandela, qui ont marqué cette année le cinquième anniversaire de leur adoption, – le travail de l'ONUDC s’articule autour de deux éléments essentiels : la réforme de la politique pénale et les programmes de réhabilitation et de réinsertion sociale des détenus. En ce qui concerne ce dernier volet, le programme mondial de la déclaration de Doha a réalisé une série d'activités clés au cours de l'année écoulée, avec les défis uniques auxquels sont confrontés les prisonniers et les administrations pénitentiaires nécessitant l’adoption de nouvelles approches et ajustements.
En effet, compte tenu des défis sans précédent en matière de santé et de sécurité en milieu carcéral posés par le COVID-19, et de la vulnérabilité face au virus, l’intervention clé a consisté à déterminer la meilleure façon de contribuer à freiner la propagation des infections.
Pour répondre à cet appel, l'ONUDC a collaboré avec les administrations pénitentiaires de plusieurs pays du monde afin de proposer une aide d'urgence par la fourniture d'équipements de protection individuelle (EPI) et d'articles d'hygiène et d'assainissement, ainsi que d’autres produits sélectionnés après évaluation des besoins locaux. Ce soutien a varié d'un pays à l'autre, garantissant la prise en compte des considérations nationales telles que signalées par les administrations pénitentiaires.
En Namibie, par exemple, le soutien du Programme mondial a inclus la fourniture de thermomètres infrarouges, de masques faciaux, de gants et de désinfectant liquide, en plus de matériel d'information et d'éducation. Cela a également été suivi par l'ouverture opportune d'un nouveau projet de fabrication de savon dans l'une des prisons du pays au début de 2020 - juste avant l'impact désormais évident qu'aurait COVID-19. Initialement ouvert dans le cadre du développement des compétences du Programme mondial, où les prisonniers pouvaient acquérir une expérience pratique avant leur libération, le matériel a été rapidement modifié pour faciliter la production de désinfectant pour les mains, offrant ainsi une solution indispensable aux prisonniers et au personnel.
Ailleurs sur le continent, à la demande du gouvernement de Zambie, des améliorations ont été apportées dans les prisons afin de garantir que des installations de quarantaine soient disponibles pour les nouveaux prisonniers et pour ceux ayant potentiellement contracté le COVID-19. L'assistance a également consisté à équiper ces nouvelles installations en fournissant des articles tels que des matelas, des couvertures, des draps de lit, des cuisinières électriques, des ventilateurs et du savon à lessive.
Au Tadjikistan, des lits d'hôpitaux ont été fournis au Service des prisons, tandis que des blouses, des gants, des désinfectants et des gels antiseptiques ont été livrés en Indonésie, jusque dans les prisons les plus éloignées du pays où la capacité et l'infrastructure des installations sanitaires sont encore limitées.
Notre soutien aux États de Palestine, au Kirghizstan et au Tadjikistan a consisté à fournir des thermomètres infrarouges, des liquides désinfectants, des masques et des blouses de protection. En Tunisie, le programme mondial vient également de fournir à l’administration pénitentiaire des masques, des détergents et solutions hydroalcooliques.
Enfin, en Amérique latine, la Bolivie et le Salvador ont reçu du savon, des détergents et des désinfectants, ainsi que des combinaisons de protection personnelle imperméables, des gants en latex, des masques, des chapeaux jetables et des thermomètres à infrarouge. En Colombie, des EPI et des articles sanitaires seront livrés très prochainement.
Outre la fourniture de ces articles de protection personnelle, la formation et le soutien du Programme mondial aux pays ont concernés ont pris de nouvelles formes d'assistance afin d'assurer la continuité du travail post carcéral. De nouvelles façons d’offrir une assistance technique directe ont été développées afin de soutenir la mise en œuvre de programmes de réinsertion des détenus dans les trois domaines fondamentaux que sont l'éducation, la formation professionnelle et le développement des compétences en milieu carcéral, offrant ainsi une nouvelle chance aux prisonniers de se réinsérer dans la société. Au Panama, par exemple, des formations ont été organisées pour les juges et le personnel pénitentiaire sur l'impact du COVID-19 sur les droits des prisonniers, ainsi que sur les différentes normes internationales ; en Indonésie, des sessions virtuelles ont été organisées avec le personnel pénitentiaire sur la conception de programmes de réhabilitation en milieu carcéral et la création de marques de produits pénitentiaires pour favoriser la réinsertion sociale ; tandis qu'au Salvador, des sessions de formation en ligne ont été organisées sur des points pertinents tels que la surpopulation carcérale et les droits et le traitement des prisonniers.
Grâce à l'utilisation des technologies modernes, les publics du monde entier ont été atteints d'une manière qui n'avait pas été pleinement exploitée jusqu'à présent, cette approche virtuelle aidant non seulement à l’organisation de ces formations, mais aussi à la promotion de nouveaux guides et manuels d'orientation développés sous les auspices du Programme mondial, dans plusieurs langues. Il s'agit notamment du lancement des publications telles que le Manuel sur la classification des détenuset le Guide pratique sur la création d'une marque de produits pénitentiaires, ainsi que des séances d'information sur la mise en place de programmes de réhabilitation en milieu carcéral, la lutte contre la corruption dans les prisons, laprévention de la récidive et le renforcement de la réinsertion sociale des délinquants.
Les cérémonies officielles, au cours desquelles les projets de réhabilitation achevés sont officiellement remis aux autorités pour compléter leurs efforts nationaux, sont également devenues virtuelles cette année. Au Kirghizstan, des installations de ont été mises en place pour permettre aux détenus d'acquérir des compétences génératrices de revenus en boulangerie, couture et cordonnerie qui leur serviront après leur libération. Au Tadjikistan, des ateliers de métallurgie et de menuiserie ont également été ouverts, conçus dans la même optique d'offrir un avenir aux prisonniers après leur libération.
L'année 2020 marque non seulement le cinquième anniversaire de l'adoption des règles Nelson Mandela, mais c’est également un autre anniversaire important dans le domaine des standards internationaux relatifs au traitement des prisonniers. Les Règles des Nations unies pour le traitement des femmes détenues et les mesures non privatives de liberté pour les femmes délinquantes - plus connues sous le nom de Règles de Bangkok - ont été adoptées en 2010, offrant des mesures spécifiques autour des besoins précis des femmes délinquantes. Lors des formations dispensées aux responsables des prisons, la nécessité d'adopter une approche sensible à la dimension du genre, tout en développant et en mettant en œuvre des programmes de réinsertion en prison pour les femmes et d'autres groupes vulnérables, a été soulignée. Le programme mondial a accordé une attention particulière à la mise en pratique de ces règles en répondant aux besoins spécifiques des femmes en prison, notamment en continuant à soutenir des projets de réhabilitation visant à renforcer les compétences des femmes en prison en Bolivie, au Salvador, en Indonésie, au Kirghizistan et en Namibie - qui bénéficieront cumulativement à plus de 1 500 détenues.
L'année 2020 a été une mise à l'épreuve pour le monde entier. Pourtant, la résilience dont ont fait preuve les professionnels de l'administration pénitentiaire, ainsi que l'ensemble de la population carcérale en ces temps difficiles, a été encourageante. Alors que nous nous dirigeons vers un monde post-COVID, la nécessité de mettre en place une approche plus « réhabilitative » de la gestion des prisons est plus critique que jamais. En effet, l'approche consistant à "mieux se rétablir ensemble" doit inclure tous les membres de la société - tant les détenus que les non détenus.
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Réhabilitation des prisonniers