18 Décembre 2017 - Les 450 établissements pénitentiaires d'Indonésie hébergent actuellement plus de 250 000 détenus - ce seul nombre indique le défi auquel les administrations pénitentiaires font face pour assurer une incarcération sûre, sécurisée et humaine. Dans cette gestion, la Direction générale des services pénitentiaires du pays (DGC) est confrontée à des problèmes additionnels, tels qu'un fort surpeuplement, un manque de personnel, et - un aspect souvent moins connu du grand public - la tâche de réinsertion des prisonniers pour leur réintégration future dans la société. Cette tâche est pourtant cruciale, car elle s'enracine dans la compréhension de l'idée que l'emprisonnement seul est incapable de répondre aux besoins de réinsertion sociale des contrevenants, et que sans programmes de formation professionnelle et d'éducation, de nombreux détenus tombent dans un cycle de récidive après la libération.
Pour aider les États à relever ce défi, l'ONUDC travaille avec des autorités à travers le monde pour établir une approche de la gestion pénitentiaire davantage axée sur la réhabilitation. Inclue dans le Programme mondial pour la mise en œuvre de la Déclaration de Doha - une initiative pluriannuelle financée par l'État du Qatar - cette aide s'appuie sur la longue expérience et expertise de l'organisation pour fournir une assistance technique et des services de conseil dans le domaine de la réforme pénale. En particulier, elle se fonde et est guidée par le travail de l'ONUDC et son rôle en tant que gardien de l' Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (les règles Nelson Mandela).
Dans ce contexte, un atelier national pour l'amélioration des programmes de travail en milieu carcéral en Indonésie a été organisé conjointement par l'ONUDC et la DGC en Décembre. L'évènement a fourni un forum pour créer une compréhension commune des conditions minimum gouvernant les programmes de travail en milieu carcéral, conformément aux lois nationales et aux standards internationaux. L'atelier a également créé une opportunité pour faire l'inventaire des exemples de bonnes pratiques en Indonésie et dans l'ensemble de la région d'Asie du Sud-Est - y compris en Thaïlande et Malaisie - axées sur les efforts visant à accroître la capacité des détenus à gagner honnêtement leur vie après la libération.
Les remarques prononcées lors de la session d'ouverture ont reflété le thème commun qui a résonné tout au long des trois jours d'atelier. Haru Tamtomo du gouvernement indonésien, Philipp Meissner de l'ONUDC, et S.E. M. Ahmed bin Jassim Al-Hamar, Ambassadeur du Qatar, ont tous souligné l'importance des programmes de travail en milieu carcéral en tant qu'élément essentiel pour soutenir le retour réussi des détenus au sein de la société.
Exprimant l'engagement du Qatar dans ce domaine et réitérant le soutien de son gouvernement au Programme mondial de l'ONUDC, l'Ambassadeur Al-Hamar a accueilli chaleureusement l'atelier comme une réponse à l'appel lancé dans la Déclaration de Doha du 13 ème Congrès des Nations Unies sur la criminalité, pour des efforts accrus dans le domaine de la réadaptation et réinsertion sociale des détenus. À ce propos, M. Meissner, du centre de liaison de l'ONUDC pour la réforme pénitentiaire, a noté que "L'objectif fondamental des programmes de travail en milieu carcéral devrait être de maintenir ou d'accroître la capacité des détenus à gagner honnêtement leur vie, pour améliorer leurs perspectives d'embauche au moment de leur remise en liberté, et contribuer par conséquent à réduire le récidivisme."
Après trois jours de discussions approfondies, l'atelier s'est conclu avec l'approbation d'un document final. Ce document a réaffirmé l'engagement de la DGC à augmenter le nombre de détenus inscrits dans des programmes de travail adaptés, en pleine conformité avec les lois nationales et les règles Nelson Mandela, et en coopération avec le secteur privé et les organisations de la société civile pertinentes. L'accent a été particulièrement mis sur la nécessité de modifier le cadre réglementaire actuel dirigeant les programmes de travail en milieu carcéral, et de mieux promouvoir et présenter les produits fabriqués dans les prisons comme des 'produits sociaux', à travers lesquels le consommateur contribue à la réadaptation et réinsertion sociale des détenus. À cet égard, les participants ont également exprimé leur intérêt pour la préoccupation continue de l'ONUDC de soutenir les marques nationales de produits pénitentiaires.
Au cours des observations finales, Collie Brown, Directeur du bureau de pays de l'ONUDC en Indonésie, a exprimé son appréciation à la DGC pour son partenariat avec l'ONUDC, notant "l'importance des programmes de travail en milieu carcéral en tant qu'élément fondamental dans la gestion des prisons et la sécurité." Il a en outre fait que remarquer que "sans programmes adéquats, un vide est laissé et les détenus se retrouvent inactifs, s'engagent dans des activités néfastes pour l'ordre et la sécurité de la prison, et demeurent mal équipés pour leur réinsertion sociale lors de la remise en liberté." Le Directeur général intérimaire de la DGC, M. Ma'mun, a félicité les participants pour leurs discussions constructives, et s'est engagé à donner suite aux recommandations formulées lors de l'atelier. M. Ma'mun a répété que "les efforts pour améliorer les programmes de travail en milieu carcéral devraient être considérés comme une composante importante de notre avancée générale vers un système correctionnel, incluant une humanité et un respect des droits de l'homme accrus en milieu carcéral".
Pour soutenir les objectifs de la Direction générale, l'ONUDC entend apporter un soutien matériel et des services de conseil accrus à la DGC et aux autres parties prenantes, pour le lancement de programmes de travail pilotes dans les établissements sélectionnés.
Plus d'informations:
Manuel d'introduction pour la Prévention de la Récidive et la Réinsertion Sociale des Délinquants
Feuille de route pour le développement de programmes de réhabilitation en milieu carcéral