23 janvier 2017 - La question de la rénovation des prisons est complexe : tandis que les prisonniers font généralement face à un ensemble de problèmes sociaux, économiques et personnels qui pourraient compliquer leur réinsertion dans la société, les prisons manquent souvent d'infrastructures, de programmes et de ressources suffisantes, ce qui pourraient même aggraver ces problèmes. Dans le même temps, la grande majorité des prisonniers sera éventuellement libérée et retournera dans la société. Il est donc essentiel afin de diminuer le taux de récidive de préparer activement les prisonniers à réussir leur réinsertion dans la société par des programmes en détention et d'assistance après leur libération.
Face à cette réalité, l'importance déterminante de la réinsertion des prisonniers pour parvenir au objectifs de développement durable a été soulignée au cours du 13ème Congrès des Nations Unis contre le Crime, tenu à Doha en 2015. Depuis, l'ONUDC - avec le soutien financier du Qatar - a travaillé sur vaste programme mondial de mise en pratique de la Déclaration de Doha qui prend en compte cet enjeu.
Exprimée dans l'Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus ( Règles Nelson Mandela), l'importance d'une approche préparant à la réinsertion dans la gestion des prisons est reconnue comme essentielle pour s'assurer que les prisonniers soient à la fois désireux et aptes à respecter la loi et être autonomes une fois libres. Ces règles soulignent de manière explicite que l'objectif premier d'une condamnation d'emprisonnement - protéger la société des crimes - ne peut être atteint que si le temps d'emprisonnement contribue à cet objectif.
Cependant, les systèmes pénitentiaires nationaux ont dans de nombreuses parties du monde des difficultés à adopter pleinement cette approche. Des facteurs tels que des politiques carcérales limitées, un manque d'infrastructures et de ressources adaptées, des prisons surpeuplées, et le recours à un large panel de programmes de travail largement adoptés comme principal dispositif de réinsertion, ne sont qu'une partie des problèmes rencontrés. C'est en considération que l'ONUDC a lancé une série de réunions d'encadrement en présence de gestionnaires de prisons et d'experts à des niveaux régionaux et internationaux. Elles visent le développement d'initiatives concrètes pour la réintégration sociale des prisonniers et à évaluer les besoins de support technique de ONUDC dans la réalisation de ces objectifs.
Dans ce cadre, une réunion de 3 jours a été lancée cette semaine, rassemblant des experts du monde entier qui ont exprimé leurs points de vue depuis l'Europe et l'Amérique du nord, le Moyen-Orient et l'Afrique du nord, l'Afrique subsaharienne, l'Asie du sud-est, l'Amérique latine, et l'Asie centrale. Un certain nombre d'organisations internationales et de la société civile était également présent et a rappelé l'importance d'assurer une approche globale et de réinsertion dans la gestion des prisons.
Le Directeur exécutif adjoint de l'ONUDC Aldo Lale-Demoz a ouvert cette rencontre par le constat qu'il tire du cœur du problème : « Beaucoup de délinquants sont confrontés à un large éventail de problèmes qui, s'ils ne sont pas traités durant leurs peines, tendent à s'aggraver au cours de l'emprisonnement et peuvent se transformer obstacles sérieux à leur intégration sociale. Dans de trop nombreuses parties du monde le taux élevé de récidive montre que l'emprisonnement n'a qu'un faible ou pas d'impact sur le renoncement de nombreux délinquants à la criminalité.
Une partie entière du travail de l'ONUDC est consacrée dans le cadre du Programme mondial au développement de formations et de conseils techniques documentés pour assister les professionnels du monde pénitencier dans l'amélioration de leur système carcéral. Dans ce contexte, la réunion à Vienne a offert également l'opportunité de revoir et d'amender une ébauche de la « feuille de route des programmes pénitenciers de réinsertion », spécifiquement axés sur les domaines de l'éducation, de la formation professionnelle et des programmes de travail. Ces guides sont essentiels dans l'aide apportée aux autorités pour préparer activement les prisonniers à leur réinsertion sociale comme le souligne les Règles Nelson Mandela.
La réunion de Vienne a été précédée par une réunion de concertation similaire à Dushanbe au Tadjikistan, où plus de 50 responsables politiques, professionnels de justice et autres experts en provenance d'Asie centrale ou d'autres pays, étaient réunis le mois dernier pour discuter des pratiques prometteuses et des défis existants liés à la gestion de programmes pénitenciers de réinsertion. Accueillie par le gouvernement du Tadjikistan et organisé par l'ONUDC, en coopération avec Penal Reform International, la réunion s'est axée sur le besoin de renforcement de l'éducation, de la formation professionnelle et des programmes de travail dans les prisons conformément aux normes et standards internationaux.
Au cours de la réunion, Amelia Hannaford, directrice de l'office de l'ONUDC au Tadjikistan, souligna la prise d'ampleur de l'initiative. « Travailler en faveur de la réintégration sociale des prisonniers est l'un des principaux objectifs de l'ONUDC dans le champs de la réforme pénitentiaire. Son impact positif sur les individus comme sur la sureté publique ne doit pas être sous-estimé ».
Plus d'informations :
Travail de l'ONUDC sur la justice pénale et la prévention du crime
Déclaration du Programme mondial de Doha
Manuel d'introduction pour la Prévention de la Récidive et la Réinsertion Sociale des Délinquants