30 avril 2018 - Ces dernières années, les grands médias ont connu une vague de couvertures sur les flux migratoires et sur les réfugiés, s'étendant des rapports sur les risques encourus par les migrants et les réfugiés tout au long de leur voyage pour atteindre la sécurité, aux réels abus et exploitations auxquels certains d'entre eux ont fait face dans les pays de transit et de destination. La question tend à susciter de vives discussions dans les cercles politiques, les réseaux sociaux et les autres plateformes médiatiques, mais, même si la prise de conscience est réelle et les opinions abondantes sur le sujet, les différents crimes perpétrés contre les migrants et les réfugiés, tout au long de leur voyage, sont peu connus.
Dans le cadre de l'initiative Éducation pour la justice (E4J), une composante du Programme mondial pour la mise en œuvre de la Déclaration de Doha, l'ONUDC encourage une meilleure compréhension de ces questions en travaillant avec des universitaires pour analyser et clarifier les concepts clés liés au trafic de migrants (SOM) et la traite des êtres humains (TIP). À cet égard, l'ONUDC met au point des modules destinés à être utilisés dans l'enseignement supérieur et destinés aux professeurs d'université afin qu'ils intègrent dans leur programme un large éventail de domaines d'études. Les sept modules sur le trafic de migrants (la moitié sur un total de 14 modules, les sept autres se concentrant sur la traite des êtres humains) ont été examinés par un groupe d'universitaires et de spécialistes dans le domaine. Ces derniers se sont réunis fin avril à Vienne pour une réunion d'experts afin de discuter et d'aider à affiner les modules avant leurs prochains lancements.
La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles additionnels, comme le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air, sont les instruments principaux pour contrer ces crimes et mettre en place les mesures nécessaires.
La différence entre la traite des êtres humains et le trafic de migrants, en plus de nombreux aspects de la traite et du trafic, est dûment traitée et clarifiée dans un module dédié au cours. Le programme débute par un module introduisant le phénomène du trafic de migrants, il est suivi par des modules traitant du type spécifique de criminalité relative au trafic de migrants et des réponses de justice pénale et non pénale, ainsi que de la prévention et de la suppression du trafic illicite de migrants. Dans l'ensemble, les sept modules sont conçus pour être pertinents au niveau local et adaptables au contexte éducatif des étudiants, permettant aux professeurs de varier les études de cas, d'alterner entre les modules et même de varier le degré d'attention porté sur les détails juridiques ou autres afin d'inclure d'autres documents sur des questions plus pertinentes d'un point de vue conceptuel.
Les modules ont été accueillis positivement par les experts qui ont eu l'opportunité de travailler collectivement sur les projets, de fournir des commentaires et des contributions pour mieux adapter les modules à leurs domaines d'étude respectifs. Comme l'explique Luigi Achilli, de l'Institut universitaire européen de Florence: "Ce qui rend ces modules meilleurs que d'autres, la raison pour laquelle je fais vraiment confiance à ce que nous faisons aujourd'hui, c'est l'applicabilité de ce programme en dehors de la spécificité de votre discipline. En qualité d'anthropologue, je peux dispenser un cours sur le trafic de migrants d'un point de vue très anthropologique, ce qui donnerait inévitablement lieu à un biais et ne permettrait qu'une compréhension partielle. L'aspect positif de ces cours réside dans leur tentative d'être relativement généraux et d'englober les différentes perspectives, tout en se concentrant sur des aspects plus spécifiques. Cela est dû à la structure même des modules, en effet, chacun d'entre eux peut être utilisé comme un enseignement autonome."
Ce retour détaillé ainsi que les modules eux-mêmes, ont été immédiatement mis en pratique dans un test pilote après la réunion, de deux jours, du groupe d'experts. Pour l'occasion, des étudiants de premier cycle de l'Université Queen Mary de Londres et des élèves de l'Académie diplomatique de Vienne ont été invités à passer une journée au siège de l'ONUDC, devenant ainsi les premiers étudiants à suivre deux cours sur le trafic de migrants.
Le professeur José Escribano Ubeda-Portugues, de l'Université Carlos III de Madrid, a dispensé un des modules sur "Le trafic de migrants en tant que type spécifique de criminalité", la professeure Stephanie Maher de l'Université du Witwatersrand à Johannesburg s'est exprimée sur «"Le trafic de migrants et la traite des personnes, des phénomènes différents mais enchevêtrés. " Les simulations comprenaient des exercices de groupe, des études de cas et même un test de simulation à la fin de la journée, après quoi les étudiants avaient une compréhension beaucoup plus large des subtilités juridiques du trafic de migrants et un vif intérêt pour en apprendre davantage sur le sujet. Un étudiant a spécifiquement mentionné que "les zones d'ombres relatives à la différence entre le trafic de migrants et la traite des personnes présentaient un intérêt particulier", tandis qu'un autre était satisfait d'avoir "obtenu une compréhension approfondie du protocole de lutte contre le crime organisé".
Les modules finalisés seront lancés en juin et seront disponibles, en ligne, pour les professeurs du monde entier sur : https://bit.ly/2oG4n3w
Informations complémentaires :
ONUDC contre le trafic de migrants