29 juillet 2019 - Le Bureau de pays du Nigéria et le Bureau régional de l'Afrique de l'Ouest de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont organisé une réunion à Lagos les 24 et 25 juillet 2019 pour examiner les conclusions d'une étude sur le trafic de tramadol et d'autres opioïdes pharmaceutiques en Afrique de l'Ouest financée par l'Union européenne (UE). L'étude sera publiée d'ici la fin de l'année.
Le trafic d'opioïdes pharmaceutiques et leur utilisation à des fins non médicales ont atteint un niveau alarmant en Afrique de l'Ouest. Rappelant le récent rapport de 2018 de l'ONUDC sur la consommation de drogue au Nigéria, le Représentant du pays, Oliver Stolpe, a déclaré dans son allocution d'ouverture à la réunion que "désormais, les Nigérians vivant avec un trouble dû à l'usage de drogue sont, de loin, plus nombreux que les personnes vivant avec le VIH ou le SIDA au sein du pays." La disponibilité des médicaments contre la douleur reste un problème dans les pays d'Afrique de l'Ouest et il est nécessaire de trouver un équilibre entre la limitation de l'utilisation non médicale des opioïdes pharmaceutiques et la garantie de leur disponibilité pour le traitement de la douleur.
Les données de l'étude intitulée "Au carrefour des drogues licites et illicites : trafic de tramadol et d'autres opioïdes pharmaceutiques en Afrique de l'Ouest" ont été collectées au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Ghana, en Guinée Conakry, au Niger, au Nigéria et au Togo de septembre 2018 à mai 2019.
La réunion comptait des représentants des États membres de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), des homologues de l'Inde, de la Commission de la CEDEAO, de l'UE, du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS) et des experts techniques de l'ONUDC, de CRIMJUST, de la Mission de construction de l'Union européenne (EUCAP - Niger), de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), d'Interpol et de la réponse intégrée de l'ONUDC à la crise mondiale des opioïdes : stratégie des opioïdes de l'ONUDC.
Les principales recommandations discutées lors de l'atelier de diffusion comprenaient la nécessité de disposer de données fiables sur la traite et l'utilisation non médicale du tramadol pour permettre une évaluation correcte du problème. La discussion a également mis en évidence la nécessité de renforcer les mesures de répression, notamment la collecte et l'analyse de renseignements, la coopération interinstitutions et la coopération internationale. Pour cela, précédant cette réunion, un forum trilatéral de deux jours entre le Nigéria, le Ghana et l'Inde sur le trafic de précurseurs chimiques et de tramadol a eu lieu dans le cadre des projets CRIMJUST et Nigeria Drugs.
La discussion a également mis en évidence la nécessité d'harmoniser la réglementation des produits pharmaceutiques dans la région, de renforcer le contrôle de la chaîne d'approvisionnement sans entraver l'accès aux médicaments dans les pays et d'élaborer des stratégies de réduction de la demande de drogue. Les participants ont été informés que l'évolution de la réglementation en Inde en 2018 avait entraîné une réduction significative du tramadol, faisant l'objet d'un trafic illicite, importé en Afrique de l'Ouest, et qu'il était nécessaire de surveiller l'évolution de la disponibilité du tramadol, ainsi que l'éventualité que différents opioïdes pharmaceutiques ou non pharmaceutiques puissent combler le vide actuel.
Dans le cadre de la stratégie de l'ONUDC sur les opioïdes, l'événement a aussi mis en avant une possibilité pour le Programme mondial sur les synthétiques: le Programme SMART (Self-Monitoring, Analysis and Reporting Technology system) pour présenter les kits d'essais de terrain sur les précurseurs de la Section des laboratoires et des sciences de l'ONUDC ainsi que le manuel sur la fabrication clandestine de substances sous contrôle international destiné aux représentants des trois pays (Ghana, Nigeria et Inde) ayant participé à des opérations conjointes visant à réduire le trafic de tramadol.