23 juin 2016 - Environ cinq pour cent de la population adulte, ou 250 millions de personnes entre 15 et 64 ans, ont consommé au moins une drogue en 2014, d'après le dernier Rapport Mondial sur les Drogues publié aujourd'hui par l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Bien que substantiel, ce nombre n'a pas augmenté durant les quatre dernières années par rapport à la population mondiale. Le rapport, cependant, suggère que le nombre de personnes classifiées comme souffrant de troubles liés à la consommation de drogues a disproportionnellement augmenté pour la première fois en six ans. Il y a plus de 29 millions de personnes dans cette catégorie (en comparaison avec le précédent nombre de 27 millions). Additionnellement, environ 12 millions de personnees injectent des drogues dont 14% vivant avec le VIH. L'impact global d'usage de drogues en termes de conséquences sanitaires continue d'être dévastateur.
Ce rapport arrive peu après la Session spéciale de l'Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue (UNGASS) d'avril, un moment clé pour la politique mondiale en matière de drogues, qui a résulté en une série de recommandations concrètes et opérationnelles. Collectivement, celles-ci visent à promouvoir des politiques et programmes de contrôle des drogues à long terme qui soient durables, orientés vers le développement et équilibrés. Comme l'a noté le directeur général de l'ONUDC Yury Fedotov, il est important que la communauté internationale se rassemble pour assurer que les engagements pris à l'UNGASS soient respectés - et le Rapport Mondial sur les Drogues offre un outil important pour assister dans cette tâche. "En fournissant un apercu complet des développements majeurs dans les marchés des drogues, les routes de trafic et l'impact sanitaire de la consommation de drogues, le Rapport Mondial sur les Drogues 2016 met en lumière le soutien à des approches basées sur les droits complètes, équilibrées et intégrées , comme le reflète le document final de l'UNGASS."
La consommation de drogues et ses conséquences sanitaires
Alors que la mortalité liée aux drogues est restée stable à travers le monde, en 2014, environ 207,000 morts ont été rapportées : un nombre beaucoup trop élevé de morts qui sont évitables si les interventiosn adéquates sont en place.
La consommation d'héroïne, et les morts d'overdoses liées, ont nettement augmenté durant les deux dernières années dans certains pays d'Amérique du Nord et d'Europe de l'Ouest et Centrale. Soulignant l'importance de ces données, M. Fedotov a noté que bien que les défis posés par les nouvelles substances psychoactives restent une préoccupation importante, "l'héroine continue à être la drogue qui tue le plus de personnes et cette résurgence doit être traitée de manière urgente." Globalement, les opiacés continuent à poser les plus grands dommages potentielles et conséquences sanitaires parmi les drogues majeures.
Le cannabis, en parallèle, reste la drogue la plus consommée au niveau mondial, avec environ 183 millions de personnes en ayant consommé en 2014. En analysant les tendances sur plusieurs années, le rapport montre qu'avec des normes sociales évoluant sur le cannabis - particulièrement en Occident - l'usage de cannabis a augmenté en même temps que son acceptabilité. Dans beaucoup de régions, plus de personnes ont commencé un traitement pour les dommages liés à la consommation de cannabis durant la dernière décennie.
Le rapport contient aussi de nouvelles informations liées aux usagers de drogues injectables. Par exemple, le lien entre la consommation de stimulants (dont les nouvelles substances psychoactives qui ne font pas l'objet d'un contrôle international) et la pratique de comportements d'injection et sexuels à risque qui peuvent résulter en un risque plus élevé d'infection du VIH est étudié. D'autres résultats montrent les niveaux élevés de consommation de drogues en prison, y compris l'utilisation d'opiacés et de drogues injectables. Ainsi, les prisons restent un environnement à risque élevé pour les maladies infectieuses, et la prévalence du VIH, de l'hépatite et de la tuberculose chez les personnes incarcérées peut être substantiellement plus élevée que chez la population générale. Le risque d'overdose continue à être élevé chez les ex-prisonniers, particulièrement peu après leur libération de prison.
Le rapport note que les hommes ont trois fois plus de chances que les femmes de consommer du cannabis, de la cocaïne ou des amphétamines, alors que les femmes ont plus de probabilité de consommer des opiacés et des tranquilisants à des fins non-médicales. Les disparités de genre peuvent être attribuées à l'opportunité de consommer de la drogue dans un environnement social, plutôt que le genre en tant que facteur déterminant de l'usage de drogues. En dépit du fait que plus d'hommes consomment des drogues que de femmes, l'impact de l'usage de drogues est plus important chez les femmes que chez les hommes, car les femments ont tendance à manquer d'accès à un traitement continu pour la dépendance aux drogues. Dans le contexte familial, les partenaires femmes et les enfants de consommateurs de drogues ont aussi plus de chances à être victimes de violence liée aux drogues.
Le problème mondial de la drogue et le développement durable
Alors que 2016 marque la première année de l'adoption des nouveaux Objectifs de développement durable ( ODD), le rapport fournit une emphase spéciale sur le problème mondial des drogues dans ce contexte. En analysant ces liens, les ODD ont été divisés en cinq vastes domaines : le développement social ; le développement économique ; la durabilité environnementale ; des sociétés pacifiques, justes et inclusives ; et les partenariats.
Le rapport met en lumière un lien fort entre la pauvreté et plusieurs aspects du problème de la drogue. En effet, les principales victimes du problème de consommation de drogues sont les personnes pauvres en relation avec les sociétés dans lesquelles elles vivent, comme cela se remarque particulièrement dans les pays les plus riches. La forte association entre les désavantages sociaux et économiques et les troubles liés à la consommation de drogues peut se voir lors de l'analyse des différents aspects de marginalisation et d'exclusion sociale, tels que le chômage et des niveaux d'éducation peu élevés.
Le rapport met également en lumière les différentes manières dont le problème mondial de la drogue résulte en différentes manifestatons de violence. Alors que l'intensité de la violence liée aux drogues est au plus haut lorsqu'associée avec le trafic et la production de drogues, ceux-ci ne produisent pas nécessairement de violence, comme l'illustrent les bas niveaux d'homicide dans les pays de transit affectés par les routes de trafic d'opium en Asie. Le commerce de drogue est généralement florissant là où la présence de l'État est faible, où l'État de droit ne s'applique pas uniformément, et où les opportunités de corruption existent.
Le rapport analyse l'influence des systèmes de justice pénale sur le trafic de drogue et les marchés de drogue, ainsi que sur la consommation de drogue et les personnes consommatrices. Par exemple, il note que mondialement, 30% de la population carcérale est composée de prisonniers sans peine ou pré-jugement. Parmi les prisonniers condamnés, 18% sont en prison pour des délits liés aux drogues. Le recours excessif à l'emprisonnement pour des infractions mineures liées aux drogues est inefficace pour réduire la récidive et surcharge les systèmes de justice pénale, en les empêchant de s'occuper plus efficacements les crimes plus graves. La fourniture de services de traitement basés sur les preuves pour les auteurs de crimes liés aux drogues, en tant qu'alternative à l'incarcération, a été reconnu comme augmentant de manière importante la guérison et réduisant les récidives.
Le Rapport Mondial sur les Drogues 2016 fournit un aperçu global de l'offre et de la demande d'opiacés, de cocaïne, de cannabis, de stimulants de type amphétamines et de nouvelles substances psychoactives, ainsi que leur impact sur la santé. Il révise aussi les preuves scientifiques sur la consommation de multiples drogues, le demande de traitement pour le cannabis et les développements depuis la légalisation du cannabis dans certaines parties du monde. De plus, les mécanismes de l'interaction entre le problème mondial des drogues et tous les aspects du développement durable à travers les Objectifs de développement durable sont mis en perspective grâce à une analyse fournie.
Le Rapport mondial sur les drogues 2016
Campagne mondiale contre les drogues : #EcoutezDabord
Remarques du Directeur exécutif député de l'ONUDC à l'occasion de la publication du rapport à Genève