21 décembre 2016 - Les enfants représentent près d'un tiers de l'ensemble des victimes de la traite des êtres humains à travers le monde d'après le rapport publié aujourd'hui par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). De plus, le rapport mondial sur la traite des personnes affirme que les femmes et les filles représentent 71% des victimes.
« La traite pour l'exploitation sexuelle et le travail forcé restent les formes les plus importante décelées, mais les victimes sont aussi exploitées pour mendier, pour des mariages arrangés ou blancs, du détournement d'allocations sociales ou de la production pornographique,» déclara Yury Fedotov, Directeur exécutif de l'ONUDC durant la présentation du rapport.
Tandis que les femmes et les filles tendent à être exploitées pour les mariages et l'esclavagisme sexuel, le rapport établit que les hommes sont enrôlés de force, particulièrement pour le travail minier, en tant que main d'œuvre, soldats ou esclaves. Alors que les enfants représentent 28% des victimes de la traite d'êtres humains dans le monde , le pourcentage s'élève respectivement à à 62% et 64% des victimes dans certaines régions telles que l'Afrique sub-saharienne, et l'Amérique centrale et les Caraïbes.
M. Fedotov souligna le lien entre les groupes armés et la traite des personnes en rappelant leur recours à la traite des personnes sur leurs territoires d'opération, contraignant les femmes et les filles au mariage ou à l'esclavagisme sexuel, et enrôlant ou mettant de force au travail les hommes et les adolescents. A cet égard, Nadia Murad, ambassadrice de bonne volonté de l'ONUDC pour la dignité des survivants de la traite des personnes, raconta le récit poignant de son asservissement et de celui de milliers de femmes yazidies captives en Irak par les terroristes de l'ISIL.
Ce rapport annuel contient un chapitre thématique centré sur les liens entre la traite d'êtres humains, l'immigration et les conflits.
« Les personnes fuyant la guerre et les persécutions sont particulièrement vulnérables au risque de devenir des victimes de la traite d'êtres humains, » affirma M. Fedotov, avant d'ajouter : « L'urgence de leur situation peut les amener à prendre des décisions dangereuses pour immigrer. L'augmentation rapide du nombre de Syriens victimes de la traite des personnes concorde avec le début du conflit sur place, ce qui semble être un exemple d'illustration de cette vulnérabilité. »
Les données du rapport révèlent que la traite d'êtres humains et les flux réguliers d'immigration vers des pays dans différentes parties du monde sont l'un à l'autre relativement semblables. La présence d'organisations criminelles transnationales et le profil socioéconomique de la personne sont des facteurs d'accroissement de la vulnérabilité au trafic d'êtres humains au cours de l'immigration.
Le rapport inclut également des informations sur la diversité des flux de trafic, comprenant les flux internes aux pays, entre pays voisins ou même à travers différents continents. Plus de 500 exemples de flux différents ont été relevés entre 2012 et 2014. Il est mentionné, par exemple, la grande diversité des destinations des victimes de la traite de personnes dans les pays d'Afrique sub-saharienne et d'Asie de l'Est. Au total, 69 États ont rapporté avoir identifié des victimes en provenance d'Afrique sub-saharienne sur la même période.
« Quelques 158 ou 80% des pays ont criminalisé la traite des personnes conformément au Protocole [pour Prévenir, Supprimer et Punir la traite d'êtres humains], » ajouta
M. Fedotov. « C'est un grand progrès depuis 2003, quand seuls 18% des pays possédaient une telle législation. Toutefois, comme nous l'avons souligné dans le précédent rapport, le taux de condamnation reste trop faible et les victimes ne reçoivent pas toujours la protection et les services que les pays se doivent de fournir. »
Le Directeur de l'ONUDC mit l'accent sur le besoin de ressources supplémentaires aussi bien pour identifier et assister les victimes de trafic, qu'améliorer la capacité de la justice pénale à identifier, enquêter et traduire en justice avec succès.
Le rapport produit par l'ONUDC tous les deux ans renforce le lien entre la lutte contre ce crime et le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Dans la Déclaration de New-York, adoptée au Sommet des Nations Unies pour les réfugiés et les migrants en septembre, il a également été souligné que les réfugiés et les migrants au cours d'importants déplacements risquaient d'être victimes de trafic de personnes, et que les États doivent lutter contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants dans le cadre d'une réponse globale au développement et à l'immigration.
Suivez la publication du rapport sur @UNODC et en utilisant le hashtag #EndHumanTrafficking
Rapport mondial sur la traite des personnes 2016
Vidéo de la publication du Rapport mondial au siège des Nations unies à New-York
Déclaration du Directeur exécutif de l'ONUDC sur le Rapport mondial