Publication originale : ONU Info
21 mai 2018 - La criminalité organisée a intensifié la production et le trafic de méthamphétamine à des niveaux alarmants dans la région du Mékong, a alerté lundi l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) lors d'une conférence régionale au Myanmar.
De grandes quantités de méthamphétamine en provenance du 'Triangle d'or' - la région aux frontières de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar - ont été saisies en Australie, au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Malaisie et en Indonésie, a indiqué l'agence onusienne.
« Depuis plusieurs années maintenant, des changements importants sont en cours sur le marché régional de la drogue », a déclaré Jeremy Douglas, le Représentant régional de l'ONUDC pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique, lors de cette conférence. « Répondre à cette situation exige d'accepter certaines réalités difficiles et de mettre en place de nouvelles approches au niveau régional », a-t-il ajouté.
Organisée à Nay Pyi Taw, la conférence réunit de hauts responsables de la lutte anti-drogue des pays de la région du Mékong : Cambodge, Chine, Laos, Myanmar, Thaïlande et Viet Nam et de l'ONUDC. Ces dirigeants des autorités en charge de la question des drogues examinent ensemble les données les plus récentes dans ce domaine et mènent des discussions approfondies sur l'application des lois antidrogue, de la justice, de la santé, des stratégies et des programmes de développement alternatif.
Les participants doivent également passer en revue la mise en œuvre de la dernière stratégie régionale approuvée par leurs pays dans le cadre du Mémorandum d'accord de la région du Mékong sur le contrôle des drogues.
Le Mékong a depuis longtemps été associé à la production et au trafic de drogues illicites, en particulier l'héroïne, mais la région a subi une profonde transformation ces dernières années. La production d'opium et d'héroïne a récemment diminué, tandis que le crime organisé a intensifié la production et le trafic de Ya ba méthamphétamine et de méthamphétamine de haute pureté à des niveaux alarmants - plusieurs pays du Mékong ont, dans les premiers mois de 2018, déjà dépassé les chiffres de 2017.
Pour les pays touchés par cette production et ce trafic, le passage aux produits synthétiques comme la méthamphétamine est particulièrement difficile à gérer en raison de la complexité de la réponse nécessaire face à une production lointaine, clandestine et mouvante, mais aussi en raison des effets sur la santé des utilisateurs de drogues.
« La méthamphétamine et l'héroïne valent actuellement environ 40 milliards de dollars sur le marché régional de la drogue », a fait remarquer le conseiller de l'ONUDC, Tao Zhiqiang. « Une coordination efficace entre les pays est essentielle et le mémorandum d'accord du Mékong reste le meilleur outil disponible pour cette coordination ».
Les opérations de répression font partie de la solution à la lutte contre le trafic de drogue, a déclaré le responsable onusien, « mais il est essentiel que les pays prennent en considération des façons de répondre à la croissance continue de la demande régionale ».
Le Mémorandum du Mékong a, ces dernières années, fourni une plate-forme pour que les pays acceptent les procédures d'interventions des opérations multinationales d'application de la loi, pour que les Etats adaptent et traduisent les normes pour le traitement de la toxicomanie communautaire et pour qu'ils fournissent un cadre favorisant les échanges d'idées et d'expériences sur une variété de questions et d'approches.
L'année dernière, ce Mémorandum s'est aligné sur les recommandations de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue, en mettant notamment l'accent sur la réduction de la demande et sur la réduction des impacts sur la santé.
Les recommandations incluent également la création de programmes de développement alternatifs pour les communautés productrices de drogues et de renforcer les actions des forces de l'ordre à l'encontre les groupes transnationaux du crime organisé qui dirigent le commerce des drogues illicites.