7 février 2011 - En Novembre 2010, le ' United Nations Voluntary Trust Fund for Victims of Human Trafficking ' a été lancé pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Administré par l'UNODC, le Fonds de contributions est dirigé par un panel de 5 membres qui sont des représentants géographique du conseil d'administration.
L'un des administrateurs, Dr. Saisuree Chutikul originaire de Thaïlande, a de nombreuses années d'expérience de travail en matière de lutte contre le trafic humain et de ses maux sociaux connexes tels que la violence fondée sur le sexe. En tant que président du Sous-Comité national de lutte contre la traite des enfants et des femmes au ministère thaïlandais du Développement social et de la sécurité humaine depuis plus d'une décennie et membre de la Commission nationale des affaires féminines et familiales et de la Commission nationale sur les enfants et les jeunes, le Dr. Chutikul apporte une richesse de connaissances au Fonds de contributions des Nations Unies pour la lutte de la traite des êtres humains.
Voici une interview réalisée lors d'un entretien avec le Dr. Chutikul:
La traite des êtres humains est souvent étiquetée comme une forme moderne d'esclavage qui peut être éradiqué. Que peut faire le commun des mortels pour aider à lutter contre ce crime, et comment pouvons-nous mieux sensibiliser les victimes potentielles de la traite des êtres humains?
L'éducation et la connaissance de la traite des personnes au sein de tous les membres de la société sont la clé pour combattre les trafiquants d'êtres humains. Vous devez utiliser tous les moyens à votre disposition pour sensibiliser le public au sujet du crime, sa nature, les causes et les dommages fait aux victimes. Les gouvernements, la société civile, la presse, les entreprises privées: chacune de ses entités doivent travailler à promouvoir les connaissances autour de cette question.
La dénonciation fait par les citoyens constitue un domaine important qu'il ne faut pas négliger. Les victimes sont souvent les membres les plus marginalisés de la société et il appartient aux voisins et aux amis de veiller les uns sur les autres. C'est pourquoi l'accès aux autorités est primordial et l'Etat devrait veiller à ce qu'elles soient facilement accessibles et que les ministères clés tels que la police s'auto-forme au sujet de la traite des personnes. C'est une opportunité pour les ONG de collaborer plus étroitement avec l'Etat, ainsi qu'aider à l'identification les groupes à risque.
On parle généralement des femmes et des enfants victimes de la traite, mais cela c'est avéré que les hommes peuvent également être victimes de ce crime - à quelles fins les hommes sont-ils victimes de la traite?
Il est vrai que la forme la plus courante de la traite des êtres humains est celle des femmes et des enfants, en particulier les filles, à des fins d'exploitation sexuelle. Cependant, les hommes et les garçons sont aussi victimes de ce crime et il est essentiel que l'on se rende compte que de nombreux membres marginalisés de la société courent le risque d'être victimes de la traite.
Les hommes et les garçons sont aussi victimes de la traite, c'est ce que j'appelle le «3 D» des emplois - le sale (Dirty), dangereux (Dangerous) et difficile (Difficult). C'est le travail que les autochtones ne peuvent pas ou ne font pas eux-mêmes et c'est là où souvent les travailleurs étrangers vulnérables sont contraints à effectuer les tâches ingrates.
De toute évidence, l'énorme défi à surmonter est de mettre en évidence le fait que les hommes peuvent - et sont - victimes de la traite et encourager l'adoption de stratégies variées pour les différents aspects de ce crime, tout en reconnaissant leurs droits de l'homme.
Le Fonds de contributions des Nations Unies a été créé spécifiquement pour aider les victimes de la traite des êtres humains - quels sont les besoins les plus urgents pour ces victimes?
La cruauté de la traite des êtres humains est telle que les besoins des victimes sont souvent très divers. Cela dit, on peut vaguement classer ces besoins en fonction des mesures juridiques et de protection. Tout d'abord, les victimes ont besoin d'être secourus, ensuite elles nécessitent un suivi psycho-sociale, un rapatriement et une réinsertion, suivi enfin d'une prévention sur la re-victimisation. Sur le plan juridique, les victimes ont besoin d'assistance tels que la protection en tant que témoins, en particulier lorsqu'il s'agit d'aider l'Etat dans la poursuite d'un trafiquant, ainsi que l'aide juridique.
Il est essentiel, cependant, de noter que ces types d'assistance ne peuvent pas être considérés comme des solutions rapides et nécessitent un travail soutenu. Malheureusement, les ressources techniques, financières et humaines font souvent défaut dans les pays où cette aide est la plus nécessaire. Ajouter à cela, dans de nombreux cas l'Etat ne peut pas gérer seul les besoins des victimes, d'où la nécessité récurrente d'une coopération entre tous les membres de la société.
En plus de fournir une aide financière aux victimes de la traite des êtres humains, le Fonds de contribution appelle à une plus forte coopération entre les gouvernements, la société civile et le grand public. Quel est le rôle de chacune de ces entités en termes de lutte contre la traite des êtres humains, et comment peuvent-elles mieux travailler ensemble?
Je le répète, le grand public a un rôle particulier à jouer dans la lutte contre la traite des personnes et il est crucial que nous travaillons à améliorer l'éducation et la connaissance. De plus, leur engagement de tout les jours avec les gouvernements, la société civile et les entreprises est unique et ouvre de nouvelles voies de coopération dans la lutte contre la traite.
Les gouvernements ont la responsabilité ultime de protéger leurs citoyens. Il y a tant de conventions internationales pour les aider à le faire, s'ils sont sérieusement disposés à travailler sur ce sujet.
La société civile et le secteur des ONG sont des acteurs clés puisqu'ils comprennent les besoins et les réalités du terrain. La relation entre la société civile et le gouvernement doit être considéré comme symbiotique car ensemble les deux groupes peuvent faire une différence.
Enfin, le secteur privé a une contribution immense à offrir à deux égards: les ressources et les pratiques. Grâce à des contributions en espèces et en nature, les entreprises sont en mesure de mieux équiper les personnes sur le terrain telles que les ONG, et donc faire une différence dans la vie des gens par ce biais là. Le Fonds de contributions, par exemple, est l'un des moyens disponibles à ce sujet. Les entreprises ont également la responsabilité sociale de ne pas s'engager dans, ou de fermer les yeux sur, la traite des êtres humains dans leur travail. Certains secteurs comme le tourisme, la construction et la production de biens, doivent accorder une attention particulière à ce crime. Bien entendu, la ligne directrice d'une entreprise est le profit, mais cela ne signifie pas qu'ils ne peuvent pas travailler ensemble avec les experts au sein du gouvernement et de la société civile pour créer un monde meilleur pour tous.
United Nations Voluntary Trust Fund for Victims of Human Trafficking