Suivi de l'évolution de la criminalité organisée en Afrique de l'Ouest

26 février 2013 - Alors que les marchés de la criminalité transnationale organisée et les profits immenses qu'ils génèrent continuent d'alimenter l'instabilité et freinent le développement en Afrique de l'Ouest, l'obtention d'informations fiables sur ces marchés reste une tâche particulièrement ardue. Le nouveau rapport de l'ONUDC intitulé Criminalité Transnationale Organisée en Afrique de l'Ouest : Une Évaluation des Menaces fait la lumière sur les principaux problèmes de criminalité qui affectent la région et fournit des recommandations à la communauté internationale pour les combattre.

Le trafic de cocaïne est l'activité criminelle la plus lucrative d'Afrique de l'Ouest. Bien que le flux de cocaïne transitant par la région ait décliné à environ 18 tonnes par an en 2010, après avoir culminé à 47 tonnes en 2007, les bénéfices issus de ce marché illicite pourraient excéder les budgets de sécurité nationale de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest.

Néanmoins, la cocaïne n'est pas la seule drogue illicite qui déstabilise la région. L'émergence de la production de méthamphétamine et son trafic présentent une évolution inquiétante : deux laboratoires de méthamphétamine ont été détectés au Nigéria en 2011-2012, et environ 3 000 passeurs de méthamphétamine ont voyagé de l'Afrique de l'Ouest vers l'Asie de l'Est en 2010, transportant l'équivalent de 360 millions de dollars de drogue. Par ailleurs, on assiste à une augmentation des saisies d'héroïne dans la région.

Le rapport traite également du trafic illicite de migrants depuis l'Afrique de l'Ouest vers l'Europe, du trafic de médicaments frauduleux depuis l'Asie vers l'Afrique de l'Ouest, et de la piraterie maritime qui sévit dans la région. Malgré le fait que le flux de migrants faisant l'objet d'un trafic depuis l'Afrique de l'Ouest vers l'Europe ait diminué au cours des dernières années en raison de la crise financière, un flux constant de migrants en situation irrégulière continue de s'acheminer vers le nord, généralement avec l'aide de criminels. En outre, on constate que le changement politique survenu en Afrique du Nord, ainsi que le renforcement des efforts consacrés à l'application de la loi dans les régions occidentales, ont entrainé un déplacement des itinéraires vers l'Est.

Le trafic d'armes dans la région est un problème particulièrement sensible car les armes à feu engendrent à la fois misère humaine et instabilité. L'Afrique de l'Ouest a connu une série de coups d'État et subit toujours l'influence d'un certain nombre de mouvements rebelles actifs qui recherchent des armes à feu. La plupart des armes illicites proviennent de stocks légaux détournés ou volés, on considère donc que la limitation de la taille de ces stocks et une surveillance plus étroite pourraient aider à réduire l'ampleur de ce problème.

Les médicaments frauduleux font peser une menace considérable sur la santé des habitants de l'Afrique de l'Ouest. Alors que les profits générés par leur trafic semblent relativement faibles et dispersés, l'approvisionnement régulier du marché en médicaments de qualité inférieure empire l'état des malades. Une plus stricte réglementation et un accroissement de la coopération régionale dans ce domaine pourraient être une bonne manière de combattre ce fléau.

Si la piraterie maritime est habituellement associée aux eaux situées au large des côtes somaliennes, elle pose également problème dans le Golfe de Guinée. Cette activité est en grande partie liée à l'industrie pétrolière de la région et à l'essor du marché noir pour le carburant. Bien que la plupart des attaques se résument à de simples vols qui rapportent des bénéfices relativement faibles aux criminels, leur fréquence fait augmenter les primes d'assurance, ce qui en retour fait diminuer l'usage des ports d'Afrique de l'Ouest pour les transports maritimes et prive ainsi les gouvernements de la région à court d'argent de revenus vitaux.

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