Restaurer l'Etat-de-droit peut aider à résoudre le problème de la piraterie en Somalie, déclare le Directeur exécutif au Conseil de sécurité

Photo: UNODC

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10 novembre 2010 - Présentant hier le dernier rapport du Secrétaire général Ban Ki-moon sur la piraterie au large des côtes somaliennes, B. Lynn Pascoe, Sous-secrétaire général en charge des affaires politiques, affirma devant le Conseil de sécurité que les seuls efforts militaires ne dissuaderaient pas les pirates et demanda des actions simultanées sur trois fronts : dissuasion, sécurité et Etat-de-droit, et développement.

M. Pascoe dit que les criminels « étaient entrain de distancer les efforts internationaux pour réduire la menace, » ajoutant que « les racines du problème de la piraterie sont sur le continent, et s'attaquer à ceux-ci nécessite une sécurité sur le terrain. » Tant que la piraterie sera lucrative et les autres options économiques si mornes, les motivations sont évidentes. « La réhabilitation économique et la création de moyens de subsistance alternatifs, notamment le développement et la réhabilitation des pêcheries, doivent être au centre de nos efforts pour combattre la piraterie, » insista-t-il.

S'exprimant également devant le Conseil de sécurité, Yury Fedotov, le Directeur exécutif de l'UNODC, indiqua que plus d'efforts étaient nécessaires dans l'arrestation et la poursuite des pirates somaliens opérant au large de la Corne de l'Afrique et dans l'Océan Indien.

Il sollicita un soutien pour l'extension du programme régional de son Office à d'autres pays ; pour permettre à la Somalie d'améliorer le fonctionnement de ses prisons et Cours de justice ; et pour garantir aux pirates somaliens jugés à l'étranger de pouvoir purger leur peine dans leur pays d'origine. Avec quelques 700 hommes actuellement détenus dans 12 pays, l'UNODC fait face à l'urgence étant donné que les emprisonnements à long terme représentent « un poids substantiel » pour les pays en charge des poursuites judiciaires. Les peines s'étalent généralement entre 5 et 20 ans, puisque les prisons sont surpeuplées.

L'UNODC, en collaboration avec des partenaires multilatéraux, connaît un succès considérable dans le secteur de la justice pénale. « Avec le soutien approprié de la communauté internationale, nos efforts peuvent être encore plus efficaces et mener à une solution à long terme » dit le Directeur exécutif.

M. Fedotov salua les initiatives prises par le Kenya et les Seychelles. (Le Kenya juge actuellement 69 suspects, détient 50 individus, et les Seychelles, malgré sa taille, a procédé à 31 jugements et mis 22 coupables en détention.) Il exprima également sa satisfaction quant à la récente déclaration de l'Ile Maurice, qui apportera aussi son aide dans la poursuite des pirates.

« Il est clair que l'unique solution à long terme au problème de la piraterie en Somalie est de restaurer le loi et l'ordre dans ce pays (notamment dans ses eaux territoriales). Il est clair également que nous sommes encore loin de cette solution et que ceci nécessitera des efforts internationaux concertés et coordonnés, » dit M. Fedotov.

Etabli en 2009, le programme de lutte contre la piraterie de l'UNODC a fait ses preuves en soutenant les efforts mis en œuvre pour détenir et juger les suspects en accord avec les standards internationaux d'Etat-de-droit et de respect des droits de l'homme. Le programme se concentre sur le jugement juste et efficace et l'emprisonnement dans les centres régionaux ; sur une détention sure et humaine en Somalie ; et sur le jugement juste et efficace en Somalie. Ces principaux donateurs sont l'Australie, le Canada, le Danemark, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis, ainsi que l'Union Européenne et le Fonds international du groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes.

Le système pénitentiaire en Somalie manque chroniquement de financement mais la nouvelle prison que l'UNODC ouvrira à Hargeisa à la mi-novembre avec l'aide du PNUD permettra de faire face à ces défis de manière plus efficace.

L'UNODC apporte actuellement son soutien au Kenya, à l'Ile Maurice, aux Seychelles, à la Somalie et à la Tanzanie. Comme le Groupe de travail sur les questions juridiques du Secrétariat du Groupe de contact, l'Office joue aussi un rôle d'administrateur du Fonds international, qui soutient les initiatives liées à la poursuite judiciaire.

Enfin, M. Fedotov salua la nomination de Jack Lang au poste de Conseiller spécial du Sous-secrétaire.

Informations complémentaires:

Report of the Secretary-General on Piracy in Somalia (27 October 2010)

UNODC and piracy